Les ocres de Roussillon
En balade sur les petites routes du Luberon, alors que sur fond d'azur se dessinent les monts, il vous faudra grimper pour mériter ses villages renommés, parmi ceux-ci, Roussillon vous en fera voir de toutes les couleurs !
En effet, ses maisons enduites de teintes éclatantes, du jaune au brun "rouille" témoignent de la présence d'un des plus importants gisements d'ocre au monde, vieux de 100 millions d'années !
C'est à cette époque qu'un paysage minéral exceptionnel s'est formé: alors que la mer recouvrait encore la Provence, les sédiments marins, émergés lors de mouvements tectoniques, furent altérés progressivement par un climat tropical, obtenant ainsi de belles nuances de couleurs.
Les sables ocreux proviennent de l'amalgame du quartz et d'une argile colorée par des pigments minéraux: l'hématite pour l'ocre rouge (la plus rare), la limonite pour l'ocre brune et la goethite pour l'ocre jaune.
"L'ocre, utilisée depuis la préhistoire, exploitée depuis l'occupation de la Provence par les Romains, n'est véritablement devenue un produit industriel que grâce à l'intuition du roussillonnais Jean-Etienne Astier. C'est lui qui, à la fin du 18ème siècle, eut l'idée de laver les sables ocreux, pour en extraire le pigment pur. Fortement concurrencée par les colorants synthétiques, l'ocre naturelle demeure pourtant, dans certaines de ses utilisations, un produit inégalable"
pour en savoir plus:
http://luberon.fr/communes/roussillon/
http://otroussillon.pagesperso-orange.fr/village.html#roussillon
Par les ruelles et les escaliers, vous apprécierez ce "tour de magie"
La joyeuse complicité du minéral et du végétal, la simplicité des façades, des fontaines donnent tout son charme à Roussillon .
Place de la Mairie, difficile de résister à la douceur d'une pause:
Le beffroi qui fesait partie de l'enceinte, a été transformé en clocher au 19e siècle.
Une ruelle vous mènera à l'ancien chemin de ronde, qui joignait deux tours des remparts, d'où le nom du quartier de la Bistourle.
Aux portes du village, le "sentier des ocres" vous emmenera au coeur d'un paysage unique, saisissant de contrastes.
Foulant le doux tapis de sable ocreux, vous progresserez de buttes en creux, éblouis par les tons chauds de ce "colorado" .
Impossible de ne pas suspendre la balade pour contempler ce site de toute beauté
et penser aux ocriers qui, comme la nature auparavant, l'ont façonné.
Le "Conservatoire des ocres" abrité dans l'ancienne usine Mathieu ( en activité de 1921 à 1963) leur rend un bel hommage, n'hésitez pas à aller le partager ! http://okhra.com/visites-animations/visite-usine-ocre/
Vous découvrirez les secrets d' exploitation, de l'extraction à l'expédition vers de proches et lointaines destinations.
Pour obtenir l'ocre pure, il fallait laver le sable ocreux, ce qui s'effectuait par malaxage: au début de la belle saison, on faisait s'écouler sable et eau dans les batardeaux.
L'ocre, plus légère, flottait jusqu'aux bassins de décantation tandis que le sable se déposait au fond des petits canaux.
Le contenu des bassins était assèché durant les cinq mois les plus chauds.
L'ocre durcie était ensuite entaillée à l'aide d'un quadrillage pour former des briquettes, mises à sècher en plein air.
Puis ces briquettes étaient broyées pour obtenir la précieuse poudre.
Une large palette de teintes peut être obtenue en mélangeant les ocres, mais saviez-vous que l'ocre rouge est beaucoup plus rare à l'état naturel ? elle s'obtient principalement en calcinant l'ocre jaune !
L'ocre était enfin tamisée puis enchassée pour l'expédition.
Sur ma table de mosaïste, les pigments du Vaucluse me ramèneront encore et encore à Roussillon !