Isle sur la Sorgue
La roue tourne doucement,
l'eau moussue berce les colverts, glisse miroitante sous la passerelle.
Sur les quais, les tables de bistrot sont déjà dressées sous un large velum de toile
et chaque boutique a disposé sa petite mise en scène à même le trottoir.
Bienvenue à l'Isle sur la Sorgue.
Mystérieuse Sorgue jaillissant du gouffre à quelques kilomètres à peine, elle se faufile dans la "vallée close", devenue Vaucluse.
se divise et étend ses bras vers le Rhône.
Les hommes ont bien vite compris la richesse et la force de ses eaux limpides.
Les premiers habitants seront pêcheurs et conserveront longtemps l'exclusivité du droit de pêche, de la source à Fontaine de Vaucluse, jusqu'au Rhône.
Pour nous le rappeler, observez certains noms de rue: rue de la Truite, rue des Ecrevisses, et sur les canaux les négo-chin (noyeurs de chien),
ces barques à fond plat qui participent encore aux rendez-vous festifs : les joutes, la féérie nautique, le marché flottant.
http://www.oti-delasorgue.fr/decouvrir/terre-de-nature/au-fil-de-leau/la-sorgue-samuse
http://www.avignon-et-provence.com/marches-provence/marche-flottant-isle-sorgue/#.U1TXSvl_sUs
Dès le 12e siècle, les moulins à blé profiteront de la force du courant, suivis par les ateliers de drapier, les moulins à papier et à soie.
Au 13e siècle, la ville se fera connaître par le succès de la production des "blanquets", draps servant de couvertures de lit.
Une soixantaines de roues témoignent alors de cette activité florissante, notamment le long du canal de l'Arquet, ce bras naturel de la Sorgue, traversant la ville, et qui sera aménagé pour alimenter les ateliers.
Aujourd'hui, quatorze d'entre elles sont toujours à découvrir le long des canaux; elle sont soigneusement entretenues.
Petite "cité lacustre" au Moyen-âge, l"Insula"sera progressivement assèchée par le creusement des canaux, elle devient bourgade Saint-Laurent (l'actuel quartier de Villevieille), poursuit son expansion, de plus en plus florissante grâce à l'eau: l'Isle mérite son surnom de Venise comtadine !
Comment ne pas en tomber amoureux ?
Quiconque la connait, sait s'emballer à la seule évocation de son nom.
Voulez-vous un cliché de carte postale ?
De vieilles bâtisses, couvertes de tuiles romaines, au bord de l'eau ,
des passerelles de fer et de bois,
et les roues sur les canaux,
l'animation des quais,
les frondaisons du jardin public,
les petits trésors architecturaux cachés dans les cours et ruelles
jeunes martinets sous les génoises
et puis bien sûr les antiquités et la brocante.
Au coeur de la ville, place de la Liberté, le marché dominical se déploie autour de la Collégiale Notre-Dame-des- Anges.
Ancienne Basilique Saint-Laurent, devenue collégiale au 13e siècle et rebaptisée Notre-Dame-des-Anges, elle sera agrandie au 17e siècle.
Les somptueuses décorations baroques qu'elle reçut à cette occasion, en font aujourd'hui une des plus belles églises du Vaucluse.
A proximité, l'Office du Tourisme s'est installé dans l'ancien sextier du 18e siècle où les habitants conservaient les céréales destinées à compléter la trop faible production locale.
Le Vaucluse propose en échange ses délicieux fruits !
En vous dirrigeant vers l'arrière de la Collégiale, vous découvrirez la Tour d'Argent appelée aussi Tour Boutin, dernier vestige des anciens remparts du 11e siècle, démolis après la Révolution.
Suivez ensuite la rue Raspail, vous aboutirez sur la jolie place Battini.
A proximité, se dresse la chapelle des Pénitents bleus.
Pour la suite: temps libre !
Sans oublier de lever les yeux, hasardez-vous dans les petites rues, vous passerez aussi devant la porte de nombreux artistes.
La richesse des lieux, dans cette vive lumière, saura vous étourdir !
Petite surprise à la découverte plus ou moins facile selon le niveau de la Sorgue: l'"Oreille", sculpture offerte par l'artiste W Mangold à la ville, et qui repose dans le lit de la rivière, en contre-bas de la passerelle Imbert (quai Jean Jaurès) !
Les vitrines pimpantes des nombreux petits commerces ne vous laisseront pas indifférents,
ni les moyens de locomotion utilisés pour s'y rendre !
Fatigués ?
Ne manquez pas, place de la Liberté, la terrasse du Café de France rendue célèbre par le photographe Willy Ronis.
Mais comment vous installer à la petite table, pour ne rien manquer, ni de la superbe devanture du café,
ni du clocher de la Collégiale et ses pierres claires sur fond d'azur.
Je ne saurais vous laisser reprendre la route sans vous confier la raison de ma première visite à l'Isle: mon penchant pour les objets du quotidien qui ont vécu, puis tentent la chance d'une nouvelle vie, et ça marche !
L'Isle sur la Sorgue, marché d'antiquité et de brocante, est à la troisième place européenne après Saint-Ouen (région parisienne) et Londres !
Deux cents cinquante boutiques d'antiquité, d'art et de décoration, les commerçants étant parfois réunis en un même lieu ,
le marché à la brocante du dimanche matin sur l'avenue des Quatre Otages,
mon coup de coeur
et bien sûr la "Foire internationale antiquité et brocante" à Pâques et au 15 août: voilà une place méritée.
Vous n'êtes absolument pas collectionneur ? ou vous n'avez plus de place chez vous pour en rajouter ?
Déambulez à votre aise, les mains en poche, dans les boutiques ou entre les échoppes, il y aura fort à parier qu'un objet, voir un petit meuble saura vous arrêter.
Vous danserez alors d'un pied sur l'autre, jaugeant l'objet et son coût: "la récup c'est tout bénef pour la planète !" oui mais "à un prix pour touristes ?"
Ne dépensons-nous pas tant pour des biens de médiocre qualité, sans âme ? Certe vous pourriez faire le même achat à moindre coût si la chance vous sourit lors d'un banal déballage.
Mais l'"objet" continue de vous faire de l'oeil dans cet écrin magique qu'il saura si bien vous rappeler
... vous succombez !