Sur les pas d'Amélie à Montmartre
18e arr métro Lamarck-Caulaincourt
La Butte Montmartre nous offre de multiples ambiances: le recueillement dans ses églises, ses cimetières, la bohême et la fête dans le sillage de ses artistes et puis la vie toute simple d'un quartier, celui d'Amélie Poulain (l'émouvante héroïne du film de Jean-Pierre Jeunet) qui y suivra son fabuleux destin.
http://www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Le-Fabuleux-destin-d-Amelie-Poulain
Comme Amélie, j'aime retrouver la Butte à la sortie de la station Lamarck-Caulaincourt pour flâner au calme dans le sens de la descente ! Pour ce faire, prenez les escaliers derrière la sortie !
Jusqu'au début du 19e siècle, nous n'aurions vu en ces lieux que champs de céréale, vignobles, potagers, vergers, cotoyant les gorges béantes des carrières.
L'habitat se réduisait à d'éparses chaumières que dominaient sur la crête, les ailes de nombreux moulins.
Lors du remblaiement des carrières, à la fin de leur exploitation, les pentes furent terrassées en paliers permettant le tracé de rues horizontales reliées entre elles par des voies biaises, pentues, ou des escaliers.
Et la butte se couvrit de maisons.
Si les moulins ne cessaient de tourner pour approvisionner les boulangeries de Paris, la seconde moitié du 19e siècle les vit s'aménager en guinguette, cabaret populaire.
Samedi, dimanche, passés à danser, boire, jouer de l'escarpolette ou déguster la délicieuse galette servie au moulin Blute-fin qui deviendra le célèbre "Moulin de la Galette" et sera peint par Auguste Renoir.
http://www.lemoulindelagalette.fr/son-histoire/
A l'entrée de la rue des Saules, les escaliers vous hissent sur la crête; courage, après c'est le sens agréable de la pente pour retrouver un des coins les plus charmants de Paris: le carrefour de la rue Saint-Vincent.
Quel bon voisinage ! un cabaret et un petit vignoble de part et d'autre des pavés.
Le Clos des vignes, planté en 1933, évoque le temps où celles-ci couvraient toute la pente et produisait un Gamay qui donnait le "picolo", à l'origine du terme "picoler".
Les vendanges sont l'occasion de joyeuses festivités lors desquelles sont vendues aux enchères les bouteilles de la cuvée précédente.
http://www.comitedesfetesdemontmartre.com/?p=5
Caché derrière un vieil accacia, le lapin bondissant de sa casserole saura vous entraîner un siècle en arrière, au "temps des cerises"pour y retrouver une joyeuse bande d'artistes, celle du Lapin Agile.
En peignant l'enseigne du cabaret, le caricaturiste André Gill fera naître le fameux jeu de mot: le lapin à Gill !
http://www.au-lapin-agile.com/histo.htm
Racheté en 1903 par Aristide Bruant, il présente toujours des chansonniers et humoristes traditionnels.
En poursuivant, à la fourche de la rue de l'Abreuvoir, c'est une petite maison rose qui vous fera craquer.
Imaginez Maurice Utrillo posant son chevalet à même la rue et se faisant houspiller par les passants...C'est pourtant de l'avoir peinte à sa façon, qui le rendra célèbre, et protègera cette modeste bicoque de guingois, aujourd'hui connue dans le monde entier!
Dans ses ruelles qui semblent hésiter à monter, descendre ou tourner, Montmartre nous réserve tant de petits bonheurs cachés le temps d'une pause gourmande ! à la bonne franquette !
La "guinguette" de Van Gogh est inspirée de son jardin.
Les places Jean-Baptiste Clément et Emile-Goudeau savent nous faire apprécier leur charme villageois et la fraîcheur d'une fontaine Wallace
Renoncez à suivre le flot de touristes vers la place du Tertre et le Sacré-coeur, vous êtes du quartier !
Sur les pas d'Amélie, commencez vos emplettes chez Ali, rue des Trois Frères
pour enfin rejoindre la rue Lepic, en fredonnant la chanson d'Yves Montand. https://www.youtube.com/watch?v=8iWW4WdI3Nc
C'est tellement plus agréable de musarder en le descendant, ce raidillon ! Cette authentique rue de village avec son marché populaire.
Au 15, voici le bar-tabac des Deux Moulins où vous aurez plaisir à reposer vos pieds, bien installés sur la banquette de moleskine.
sans vous étonnez des mines nostalgiques d'une certaine clientèle, c'est ici qu'Amèlie servait...
Par la rue des Abbesses, elle aussi émaillée de petits commerces et de bistrots, vous pourrez rejoindre la place du même nom.
Avant de passer sous la belle marquise du métropolitain (savez-vous qu'elle se trouvait place de l'Hôtel de Ville et que c'est lors de son classement qu'il fut décidé de la déplacer ?),
entrez dans le petit square.
Ici se joue l'épilogue de cette balade romantique, sur le mur des "je t'aime": sur fond de carreaux bleus, "je t'aime"vous est murmuré dans toutes les langues.